DANIEL JOHNSON
Premier ministre du Québec (1966-1968)
Premier ministre 1966-1968
Faits marquants
Daniel Johnson est assermenté premier ministre du Québec le 16 juin 1966 (12). Cette même journée, le député de Bagot devient également président du Conseil exécutif, ministre des Richesses naturelles et ministre des Affaires fédérales-provinciales (13).
Le discours du trône de la 1re session de la 28e législature, prononcé le 1er décembre 1966 (14), vient rassurer l’ensemble des observateurs politiques qui croyaient que l’élection de Daniel Johnson replongerait le Québec dans le duplessisme (15). En fait, Daniel Johnson les surprend : « Au pouvoir avec une équipe renouvelée, le gouvernement de l’Union nationale entend poursuivre la plupart des réformes amorcées dans les divers secteurs de sa compétence », affirment les auteurs du livre Canada-Québec 1534-2000 (16).
En plus de poursuivre la modernisation de l’état commencée par les libéraux de Jean Lesage, le gouvernement de Daniel Johnson consolide la Révolution tranquille (17) en mettant en place des nouvelles structures dont la présence se fait sentir encore aujourd’hui. Par exemple, au niveau de l’éducation, on lui doit la création des cégeps et la fondation de l’Université du Québec (18) qui verra le jour en décembre 1968, quelques mois après le décès du premier ministre Johnson (19). En santé, il poursuit le travail menant à la création du régime d’assurance-maladie universelle qui verra le jour en juin 1970 (20). Du côté de l’industrie, il poursuit et mène à terme le projet de création d’une sidérurgie québécoise nommé Sidbec-Dosco (21) et entérine l’entente au sujet de l’aménagement d’une centrale électrique à Churchill Falls, au Labrador. En culture, « il innove dans le domaine de la télévision éducative en créant Radio-Québec » (22). On lui doit aussi « l’intégration de tous les services d’information gouvernementale au sein de l’Office d’information et de publicité » (23). Parmi la série de mesures qu’il adopte dans le domaine de l’agriculture, notons qu’il améliore le crédit agricole et qu’il établit la loi de l’assurance-récolte (24). Au niveau des affaires municipales, le gouvernement Johnson adopte la loi menant à la création de la Société d’habitation du Québec le 27 septembre 1967 (25). Enfin, c’est sous le gouvernement de Daniel Johnson que l’on poursuit la réflexion de la refonte du Règlement de l’Assemblée nationale qui se solde par la sanction du projet de loi 90, le 18 décembre 1968. Cette action mène à l’abolition du Conseil législatif. Dans le texte de loi, il est statué que « la Législature du Québec se composera désormais uniquement du lieutenant-gouverneur et d’une chambre d’assemblée élective qui sera appelée l’Assemblée nationale du Québec (26a) ».
Même si Daniel Johnson publie son livre Égalité ou Indépendance, en 1965, son passage comme premier ministre est marqué par l’ambivalence qu’il exprime au niveau constitutionnel, affirme son biographe Pierre Godin (26b). Selon l’analyse du politologue Éric Bélanger, « sa menace d’indépendance semble surtout n’avoir constitué qu’une stratégie de négociation, et non une alternative réellement envisageable (du moins pour l’époque) (27) ». Il poursuit : « Alors qu’il avait clairement exposé sa position constitutionnelle avant d’arriver au pouvoir, les actions qu’il mène en tant que premier ministre de 1966 à 1968 laissent croire en effet qu’il avait élaboré cette position de ligne dure essentiellement dans le but de renforcer la place du Québec au sein du régime fédéral canadien (28) ». Malgré cela, un fait demeure : « De tous les premiers ministres québécois, Daniel Johnson fut […] le premier à flirter ouvertement avec l’option d’indépendance, donnant ainsi une crédibilité et une légitimité à cette idée jusque-là marginale », indique le politologue Éric Bélanger (29).